La bande dessinée s'impose en Suisse, à la découverte du Cartoonmuseum de Bâle

Ce week-end, j’ai visité le Cartoonmuseum de Bâle où j’ai découvert une exposition consacrée à Gerhard Glück, dessinateur satiriste allemand ayant notamment collaboré avec le magazine NZZ de Zurich. Son travail, précis et ironique, dépeint les absurdités du quotidien à travers un jeu subtil entre texte et image. Mais j’ai surtout été émerveillée par le lieu qui rend véritablement honneur à la bande dessinée et au dessin de presse. Il s’agit d’ailleurs du plus ancien musée suisse dédié à la BD, fondé en 1979 par Dieter Burckhardt. Son ambition était alors de rendre accessible au grand public sa collection privée de bandes dessinées, de comic strips, de caricatures et de dessins humoristiques, créant ainsi la fondation Sammlung Karikaturen & Cartoons.

Bien qu’elle ait été reconnue comme “neuvième art”, en Occident, la bande dessinée et l’art visuel lié au texte peinent encore à s’imposer dans les grands musées. À l’inverse, dans d’autres cultures, comme en Asie, le dialogue entre le texte et l’image est une tradition profondément enracinée. Les emakimono japonais, datant de l’époque de Nara (710-794), en sont un exemple emblématique : ces rouleaux illustrés mêlent habilement calligraphie et peinture, créant une dynamique narrative unique qui s’est développée au cours de siècle en d’autres tendances artistiques.

La bande dessinée en Suisse possède pourtant une histoire ancienne et riche. Rodolphe Töpffer est souvent considéré comme le père de la bande dessinée moderne avec "L’Histoire de M. Jabot" (1831, publiée en 1833 à Genève). Longtemps perçue comme un simple divertissement, la bande dessinée a eu du mal à se faire une place parmi les arts reconnus dans le territoire helvète. Notamment, des figures comme Zep (Titeuf), Cosey (Jonathan) ou Derib (Yakari), qui ont contribué à l’essor du neuvième art en Suisse et à sa reconnaissance à l’international, ont souvent dû se tourner vers des éditeurs français ou belges pour connaître le succès.

Mais aujourd’hui cette reconnaissance progresse. Des institutions dédiées émergent, comme l’École Supérieure de Bande Dessinée et d’Illustration (ESBDI) de Genève, fondée en 2017, ou le Centre BD de la Ville de Lausanne, créé en 2013, et le Festival International de bande dessinée de Lausanne (BDFIL) qui est organisé chaque année depuis 2005. L’ouverture du musée genevois de la bande dessinée, prévue en 2027, témoigne d’un intérêt croissant pour cet art. Si la Suisse a encore du chemin à parcourir pour intégrer pleinement la bande dessinée dans le paysage muséal classique, ces initiatives montrent que cet art s’affirme progressivement dans le patrimoine artistique et culturel du pays.

Si tu t'intéresses à la bande dessinée, je te recommande vivement de visiter le Cartoonmuseum de Bâle. En plus de ses expositions captivantes, tu y trouveras une bibliothèque au premier étage et une boutique au rez-de-chaussée, proposant des bandes dessinées en français, allemand et anglais, ainsi qu'une large sélection d'illustrations.

Images: 

Gerhard Glück, Van Gogh.

Artiste Anonyme, Hungry Ghosts Scroll, 12ème siècle, 26.8 × 538.4 cm, Kyoto National Museum.

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